Un document d’exception : une médaille d’hommage à François Mauriac
Il y a 70 ans, le 6 novembre 1952, l’Académie royale de Suède annonce qu’elle a décerné le prix Nobel de Littérature à l’écrivain français François Mauriac, donnant ainsi à son œuvre la consécration internationale officielle. Mauriac le reçoit le 9 décembre des mains du roi Gustave VI Adolphe de Suède lors de la cérémonie solennelle.
À l’occasion de la célébration nationale de cet anniversaire, les Archives de Bordeaux Métropole ouvrent aujourd’hui leur médaillier pour évoquer le troisième des « Trois M » de Bordeaux (Montaigne, Montesquieu et Mauriac donc) à travers la médaille cotée Bordeaux 1 Med 12.
En 1985, la Monnaie de Paris émet une médaille commémorant le centenaire de la naissance de François Mauriac le 11 octobre 1885 à Bordeaux. Cette médaille de bronze de 12 cm de diamètre est l’œuvre du médailleur français Daniel Ponce (Paris 1933 – Talence 2017). La célébration de ce centenaire est marquée par plusieurs événements et manifestations officielles, particulièrement à Bordeaux : l‘organisation d’un colloque et l’inauguration au Jardin public par le maire Jacques Chaban-Delmas, président du conseil régional d’Aquitaine, du buste de Mauriac par le sculpteur Ossip Zadkine. C’est également la même année que le domaine familial de Malagar est donné par ses enfants au conseil régional d’Aquitaine pour devenir le Centre François Mauriac. Le domaine, classé Monument historique en 1996, est devenu depuis un très haut lieu de culture, labellisé « Maisons des Illustres ».
Cette médaille condense la vie de ce grand écrivain. L’avers présente son portait de face. Au revers, trois monuments emblématiques de Bordeaux : au centre la Grosse Cloche, le beffroi municipal dans le quartier duquel Mauriac est né et a grandi, à gauche la flèche de la basilique Saint-Michel et à droite la cathédrale Saint-André, qui rappellent notamment qu’il a été un catholique fervent et engagé. Au premier-plan, les ceps de vigne qui évoquent son cher domaine de Malagar où il passait une partie de l’été et de l’automne.
Issu d’une famille bourgeoise aisée, catholique et conservatrice, Mauriac se destine dans un premier temps aux archives. Ayant obtenu sa licence ès lettres, il part donc à Paris en 1907 pour passer le concours de l’Ecole nationale des chartes. Reçu à sa seconde tentative en 1908, il démissionne de l’Ecole dès l’année suivante pour se consacrer entièrement à la littérature. Si ses poèmes rencontrent un succès d’estime, ce sont véritablement ses romans dépeignant le pharisianisme de la bourgeoisie de province, tout spécialement bordelaise, qui lui donnent la gloire littéraire et lui ouvrent les portes de l’Académie française où il est élu le 1er juin 1933. Sa peinture sans concession de son milieu d’origine lui vaut une réelle animosité. Il se réconcilie finalement avec sa ville natale à l’occasion de la cérémonie officielle d’hommages pour ses 80 ans, le 18 octobre 1965, au Grand-Théâtre. C’est à cette occasion qu’il prononce ces mots : « Bordeaux, c’est mon enfance et c’est mon adolescence… » gravés au revers de la médaille.
François Mauriac s’éteint à Paris en 1970. Sa ville natale lui a rendu depuis de nouveaux hommages : outre son buste au Jardin public, le conseil municipal a donné son nom en 1974 à la rue Villebrun qui borde l’institution marianiste de Grand-Lebrun, dans le quartier de Caudéran, où il a été élève. En 2017, la place située en face du lycée François Mauriac, dans le quartier de la Bastide, est dénommée « Claire-Mauriac », en hommage à la mère de l’écrivain.
